En 1913 est décidée la fabrication d'un bourdon en l'honneur de Jeanne d'Arc, accompagné d'un carillon de 29 cloches. Cet ensemble est installé en 1920 dans la Tour de Beurre. Il est agrandi une première fois en 1954, sous l'impulsion du carillonneur titulaire Maurice Lenfant, puis en 1959, avec cinq nouvelles cloches de volée, toutes reliées au clavier. Seule la Jeanne d'Arc reste isolée dans la Tour Saint-Romain.
En 2015, les cloches repartent vers la fonderie Paccard à Annecy pour une remise à neuf et la coulée de seize nouvelles cloches : le carillon de Rouen est désormais le deuxième plus grand de France en nombre de cloches après celui de Chambéry.
Les plus grosses cloches du carillon de Rouen |
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Nom | Utilisation | Note | Poids (kg) |
Jeanne d'Arc | en volée | FA 2 | 9.500 |
Romain | en volée | SOL 2 | 5.262 |
Germaine | en volée | LA 2 | 4.788 |
Cécile | en volée | SIB 2 | 3.046 |
Agnès | en volée | DO 3 | 2.286 |
Alyette | fixe | RÉ 3 | 1.502 |
Guillaume | fixe | RÉ# 3 | 1.290 |
Marie-Blanche | fixe | MI 3 | 1.140 |
Bernadette | fixe | FA 3 | 768 |
Mathilde | fixe | SOL 3 | 665 |
Georges | fixe | LA 3 | 475 |
Maurice | fixe | SI 3 | 340 |
Sibylle | fixe | DO 4 | 290 |
Rollon | fixe | DO# 4 | 245 |
Victrice | fixe | RÉ 4 | 205 |
Olaf | fixe | RÉ# 4 | 180 |
Eudes | fixe | MI 4 | 178 |
Le Rouennais Maurice Lenfant fut le premier carillonneur du carillon de la cathédrale de Rouen. Fils du sacristain de la cathédrale, il habitait dans une maison accolée à la Tour Saint-Romain. Il apprend l'orgue lors de sa scolarité à la Maîtrise Saint-Évode et devient en 1915 organiste titulaire à l'église Saint-André. Lorsqu'en 1920 le carillon tout neuf est exposé dans la cathédrale pour son baptême, l'archiprêtre de la cathédrale surprit le jeune Maurice en train de faire sonner les cloches. Il le nomma alors carillonneur et c'est Maurice Lenfant qui donna le concert inaugural du 15 août 1920.
Il décida alors d'étudier le carillon à l'école de Malines en Belgique. En 1933, c'est d'ailleurs à Jef Denyn, carillonneur de Malines et directeur de l'École Royale de Carillon de Belgique, qu'il demanda d'inaugurer le nouveau clavier.
Jusqu’à la Seconde guerre mondiale, Maurice Lenfant programmait quatre fois par an le carillon d’horloge, qui jouait de 6 à 21 heures. Un magnifique tambour de 14 400 trous - encore visible aujourd'hui - était relié par une tringlerie aux cloches du carillon. L’avant-guerre fut une période faste, marquée par des expériences de retransmission radiophonique, dont une fameuse, durant une représentation du « Vray Mystère de la Passion » sur le parvis de Notre-Dame de Paris.
En 1940, lors de l’invasion allemande, l’échafaudage qui entourait la Tour de Beurre prit feu. Les pompiers, avec l'aide des Allemands qui tenaient à protéger la cathédrale, luttèrent toute la journée contre l’incendie et sauvèrent finalement le carillon. Lors des bombardements de juin 1944 en revanche, c'est la Tour Saint-Romain qui fut entièrement détruite : la Jeanne d’Arc, seule habitante de cette tour, s’écrasa dans la salle basse, se brisa et fondit. Le fondeur Paccard récupéra alors le bronze de cette cloche pour couler en 1959 le nouveau bourdon, également appelé Jeanne d’Arc, que nous connaissons aujourd'hui. Le 31 août 1944, le lendemain de la libération de Rouen, Maurice Lenfant faisait à nouveau sonner le carillon de 29 cloches, resté intact durant cette période sombre.
A l'occasion des travaux de restauration de la cathédrale, Maurice Lenfant mobilisa les autorités du département, de la ville et de l’archiépiscopat autour d’un projet d’évolution de l’instrument. Vingt-et-une nouvelles cloches Paccard furent ainsi ajoutées. Maurice Lenfant inaugura lui-même ce nouvel ensemble (50 cloches) en 1954, lors de la réouverture de la cathédrale. En 1959, six nouvelles cloches de volée sont fabriquées, dont la fameuse Jeanne d'Arc de 9,5 tonnes.
Petit-fils de Maurice Lenfant, il commence à étudier le carillon avec son grand-père en 1965. Aussitôt, il commence à jouer pour des concerts, en duo avec son grand-père et en soliste. Lorsque Maurice Lenfant, âgé de 73 ans, doit arrêter son activité de carillonneur, Jean-François Claire devient le carillonneur titulaire de la cathédrale de Rouen. En 1985, son métier de réalisateur pour la télévision l’éloigne de Rouen et du carillon.
Très attaché à cet instrument, il s'investira beaucoup dans la renaissance du carillon dans les années 2000, en relançant avec Patrice Latour l'activité de l'ACCR et en devenant le président de cette structure. Il a réalisé en 2016 un documentaire pour France 3, Les Filles de bronze, sur l'histoire et la reconstruction du carillon de Rouen.
C'est au cours d'une visite des hauteurs de la cathédrale de Rouen que Patrice Latour, âgé de vingt-cinq ans, découvrit le carillon et se résolut à apprendre la pratique de l'instrument auprès de Jacques Lannoy à Douai.
Professeur agrégé de musique au lycée Jeanne d’Arc de Rouen, il a obtenu une Maîtrise de musicologie à l’université de Rouen et un DEA de musicologie à la Sorbonne. Son mémoire de Maîtrise porte sur l’historique des cloches de la cathédrale de Rouen et son mémoire de DEA étudie les cloches dans la musique orchestrale.
Au Conservatoire de Rouen, il a obtenu ses prix de solfège, d'écriture, d'orgue et de déchiffrage. Ses études de carillon ont abouti à un Diplôme de Carillonneur à la classe de carillon du C.N.R de Douai.
Il a donné des concerts de carillon en France, en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Irlande, en Espagne, au Québec et aux États-Unis. Il est actuellement président de la Guilde des Carillonneurs de France et vice-président de l'Association du Carillon de Rouen.
Dans le domaine campanaire, il a également fondé le Quatuor Pyrgos, ensemble de handbells.